Claude Lemaire
Roméo et Juliette - 2011   
Roméo et Juliette
de William Shakespeare
Mise en scène : Françoise Chatôt
Scénographie : Claude Lemaire
Lieu : Théâtre Gyptis, Marseille - France
Sources : Les Archives du Spectacles [ 31022 ] - Source : Théâtre Gyptis [ archives ]
  • 2011 Roméo et Juliette
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  • 2011 Roméo et Juliette
Crédits photo © Mathieu Bonfils  
« Raconter des histoires pour ne pas mourir de la réalité » Nietzsche.

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Le choix de Françoise du déplacement historique -à savoir : du différend clanique de la renaissance aux enjeux guerriers d’un conflit mondial -nécessite de mettre à distance toute l’imagerie cinématographique, qui tient lieu aujourd’hui de mémoire historique.
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Début de l’acte I : Un lieu vide, sans protection possible, sans le refuge qu’offrent les angles.
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Acte II scène 2 : Juliette apparaît à une fenêtre : c’est « l’épiphanie » ! « fenêtre », in Petit Robert, sens figuré : « ouvrir une fenêtre sur » = faire entrevoir, donner un aperçu de ; par analogie : un espace libre qu’on laisse (dans un acte, un manuscrit) pour être rempli ultérieurement.
Juliette est « le soleil dans la nuit » et Roméo a « volé par-dessus les nuits ».
Ni l’un ni l’autre ne touchent le sol, au propre comme au figuré.
Peut-être resteront-ils dans leur trois scènes « scénographiquement » au dessus du sol, « pour ne pas (les faire) mourir de la réalité » ?
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Nécessité de construire un proscenium, un lieu devant le lieu et matérialiser la coupure par un cadre de scène et son rideau de fer dont la fonction théâtrale est esthétique : celle de faire apparaître ou disparaître l’espace en arrière plan, en choisissant le cadrage de l’image par la hauteur de sa position d’ouverture ou en décidant de la vitesse de révélation de l’image en lumière.
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« L’univers est un théâtre », (W. Shakespeare) et la mise en abyme s’impose.
La construction au lointain d’un second cadre de scène avec rideau de fer à l’identique du premier (plus petit) fermera l’espace, mais en inversant le sens : l’aire de jeu est donc comprise entre deux cadres, celui qui est visible est un envers, c’est celui que le spectateur, de sa place, n’est censé jamais voir.
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Le deuxième plan de rideau de fer ne s’ouvre pas comme il serait logique sur une salle de théâtre mais sur un fond lumineux.
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Tout ce qui appartient au plateau du théâtre lui-même doit être visible et participer à la mise en abîme : la cheminée, les passerelles, le plafond technique, les projecteurs à vue, pas de frises, pas de pendrillons pas de boite noire et son confort tamisé de l’illusion mais le théâtre à l’état brut : le champ libre pour y dire la violence et l’amour.
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Claude Lemaire

(Notes prises d’août à décembre 2010, soit les cinq mois qui précédent l’entrée en répétition)
Crédits video © Lezard Bleu Production